Pourquoi la Jamaïque domine le sprint ?

Comment un pays de 2 700 000 habitants fait-il pour être la meilleure nation du sprint ?

Hypothèses explicatives :

  1. La place que prend l’éducation sportive dans le système scolaire jamaïcain semble être la clé du succès. Il y a chaque année des championnats scolaires, où les meilleurs jeunes s’affrontent. Contrairement aux pays riches où de nombreux sports sont proposés aux jeunes, l’athlétisme est l’un des seuls sports proposés à l’école par manque d’infrastructures sportives et de moyens financiers. Les enfants débutent très tôt leur initiation sur les pistes d’athlétisme et jusqu’à l’âge de 15 ans, ils se retrouvent sur la piste tous les après-midi, après la fin des cours, vers 13 heures. Les championnats scolaires sont parmi les meilleurs au monde. De nouveaux talents sont découverts chaque année lors des Boys and Girls Champs. La finale de ces championnats scolaires réunit 2 000 jeunes athlètes et remplit le stade national de 35 000 places !
  2. L’athlétisme est le sport national en Jamaïque. Les champions jamaïcains sont de véritables idoles dans leur pays. La fédération nationale d’athlétisme compte de nombreux licenciés (10 % de la population !). Ce sport est tellement entré dans la culture locale que les jeunes s’entrainent naturellement, pieds nus sur les pistes en terre, sur les plages ou dans les montagnes, dans l’espoir de faire partie un jour de l’élite sportive.
  3. Le facteur économique explique aussi le succès de l’athlétisme. La Jamaïque est le 15e pays le plus pauvre au monde avec  un PIB par habitant de 5 039 $ en 2009. La plus grande partie de la population n’a pas la possibilité de faire des études longues  (taux de scolarisation de 90 % en école primaire, de 70 % à 16 ans). Pour beaucoup, l’athlétisme est la seule possibilité d’ascension sociale.
  4. Des scientifiques donnent une explication génétique à la domination mondiale des Jamaïcains en sprint. Ils ont découvert un gène qui est rare chez les gens d’origine européenne et dans la majorité de la population mondiale, mais très répandu chez les Noirs d’Afrique de l’Ouest (d’où sont venus la plupart des habitants actuels de la Jamaïque au cours des quatre siècles de l’esclavage). 70 % des sprinteurs jamaïcains possèdent ce gène, alors qu’en Australie, par exemple, ils ne sont que 30 % et les chiffres sont identiques en Grande Bretagne.
  5. Le facteur géographique semble également jouer un rôle. L’île est très montagneuse et les Jamaïcains auraient les jambes bien développées et musclées. Ce n’est pas un détail anodin vu que la majorité des sprinteurs (dont Usain Bolt et Veronica Campbell-Brown) viennent tous de la région de Trelawny qui se trouve dans une des zones les plus montagneuses du pays.
  6. Pour d’autres, c‘est le résultat d’une alimentation riche en glucides. Ils représentent plus de la moitié de chaque repas jamaïcain : des racines, du riz, parfois les deux à la fois avec beaucoup de viande et beaucoup de fruits.

C’est certainement la conjugaison de tous ces éléments, à des degrés divers, qui expliquent la domination mondiale du sprint par les Jamaïcains. Le facteur génétique semble être le plus important car de nombreux sprinteurs britanniques, américains et canadiens (Ben Johnson, Lynford Christie, Sanya Richards, Debbie Dunn, Natasha Hastings, Inger Miller, Sandra Farmer-Patrick, Donovan Bailey, etc.) sont d’origine jamaïcaine. Ce qui semble dire que ce n’est pas une question d’environnement et de régime alimentaire.

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